Préparer les examens – Besoin de focalisations larges
A l’école, le temps coule et s’écoule telle une rivière qui court vers son océan. Si l’océan du système scolaire est bien la maitrise des apprentissages, à un moment donné, il est bon d’arrêter leur déroulement pour poser tout ce qui a été appris. Proposons à nos jeunes de construire des barrages pour donner sens à leurs apprentissages !
En enseignant, nous enchainons des séquences, des parcours, des points de matières que les élèves doivent parvenir à maitriser. Ce saucissonnage des apprentissages est inhérent à la structure temporelle de notre système scolaire. Du point de vue de l’élève, il se trouve plongé dans un thème, puis un autre puis un autre,… Cette successivité peut s’avérer nécessaire mais ne peut être considérée comme suffisante pour maitriser des apprentissages. D’ailleurs, nos évaluations de fin d’année ne demandent-elles pas aux jeunes d’aller chercher en mémoire l’outil dont ils ont besoin parmi un stock emmagasiné pour faire face à une nouvelle situation ? N’exigent-elles pas d’opérer des liens entre plusieurs matières pour gérer un nouveau problème ? Parvenir à maitriser de telles compétences complexes avec succès est-il considéré comme une démarche à laquelle l’élève doit s’initier de façon autonome ou comme devant être illustrée, entrainée, accompagnée par l’enseignant ? La première considération évaluerait une aptitude innée alors que la seconde relèverait d’un apprentissage. N’est-ce pas là le rôle de l’enseignant ?
En conseil de classe, nous entendons souvent que les élèves ne parviennent pas à faire des liens ou à identifier et appliquer un outil dont ils ont besoin. Peut-être ces élèves étaient-ils en besoin d’une vision large plus globale de leur cours ? Ce sont les fameuses synthèses que nous conseillons à nos élèves de réaliser pour préparer leurs examens. Mais quelles synthèses permettraient de « faire barrage » pour empêcher le savoir de continuer à s’écouler… et s’échapper pour certains ?
Souvent, les élèves réalisent des fiches de titres, des cartes de définitions ou recopient des pans entiers de cours… Cela reste très successif et linéaire. Nous pensons ici à des synthèses plus spatiales et globalisantes. En fin d’année, il est essentiel que l’enseignant consacre du temps en classe (plusieurs heures) pour construire de telles globalités. Prenons une seule et unique feuille A3 et lançons-nous le défi d’y organiser tous les thèmes et points importants abordés sur le degré en sciences ou en mathématiques ou en grammaire,… Prenons des couleurs, limitons nos mots, illustrons, inscrivons les formules qui posent problèmes, les incontournables plus difficiles pour soi. Nos jeunes ont besoin de ces temps de pauses évocatives qui font du lien, qui font naitre le sens et l’anticipation d’utilisations possibles. Il est du rôle de l’enseignant de leur montrer en cours d’année comment s’y prendre sur un point de matière, puis sur une séquence, puis sur plusieurs modules afin qu’en fin d’année, les élèves soient rendus plus autonomes dans cette démarche structurante, chaque globalisation étant personnelle car adaptée à ses besoins.
D’expérience, nous pouvons affirmer que les jeunes prennent du plaisir à s’envoler sur les berges de leur barrage pour regarder leur cours de haut et que l’enseignant est heureux de voir les étoiles dans les yeux de ces jeunes qui donnent du sens à l’écoulement d’un ou deux ans d’apprentissages tout en se sentant davantage en maitrise et en confiance pour les épreuves d’évaluation qui les attendent.
C. Lambermont (Juin 2022)
